Je viens de trouver ce petit texte sur le site de Veille éducation :
Deux femmes se retrouvent dans un parc, pendant que leurs enfants se balancent et jouent au ballon. Les deux femmes les surveillent, assises sur un banc. Au bout d’un moment, elles se mettent à discuter.
M: – Bonjour, je m’appelle Martine. Mes enfants sont les trois en rouge, ça m’aide à les repérer.
T: – (Sourire) Moi c’est Thérèse. les miens sont ceux en rose et en jaune. Vous venez souvent ici?
M: – Deux ou trois fois par semaine, après la bibliothèque.
T: – Oh! Comment faites-vous pour trouver le temps?
M: – On fait l’école à la maison, alors on vient dans la journée le plus souvent.
T: – J’ai des voisins qui font aussi l’école à la maison, mais les miens vont à l’école publique.
M: – Comment faites-vous?
T: – Ce n’est pas facile. Je vais à toutes les réunions de parents et je fais travailler les enfants tous les jours après l’école, je m’implique beaucoup.
M: – Mais la socialisation? Ca ne vous ennuie pas qu’ils soient enfermés toute la journée avec des enfants du même âge, sans aucune possibilité d’avoir des relations naturelles?
T: – Eh bien, oui, mais je me donne du mal pour compenser ça. Ils ont des amis qui font l’école à la maison, et nous allons chez leurs grands-parents presque tous les mois.
M: – Vous semblez une mère très dévouée. Mais est-ce que ça ne vous ennuie pas toutes les occasions qu’ils manquent? Je veux dire en étant tellement isolés de la vie réelle – comment vont-ils savoir à quoi le monde ressemble – ce que font les gens pour gagner leur vie – comment s’entendre avec tous ces gens différents?
T: – Oh, nous en discutons aux réunions de parents, et nous avons créé une caisse pour inviter des gens réels dans les classes. Le mois dernier, un policier et un docteur sont venus parler dans toutes les classes. Et le mois prochain, il y aura une femme du Japon et un homme du Kenya.
M: – Oh, nous avons rencontré un japonais au supermarché l’autre jour, et il en est venu à parler de son enfance à Tokyo. Mes enfants étaient complètement fascinés. Nous l’avons invité à dîner et nous avons fait connaissance de sa femme et de ses trois enfants.
T: – Super. Hum, peut-être devrions-nous prévoir des plats japonais à la cantine pour la Journée Interculturelle.
M: – Peut-être votre invitée japonaise pourrait-elle manger avec les enfants?
T: – Oh non, elle a un emploi du temps très chargé. Elle a deux autres écoles à visiter ce jour-là. Ce que nous faisons est projet collectif.
M: – Oh, dommage. Eh bien, peut-être allez-vous rencontrer quelqu’un d’intéressant au supermarché un jour, et vous pourrez l’inviter à dîner.
T: – Je ne pense pas. Je ne parle jamais aux gens dans les magasins – et sûrement pas à ceux qui risquent de ne même pas parler notre langue. Et si ce japonais n’avait pas parlé français?
M: – Pour tout vous dire, je n’ai pas eu le temps d’y penser. Avant même que je l’aie remarqué, mon fils de 6 ans lui demandait ce qu’il allait faire avec toutes les oranges qu’il achetait.
T: – Vos enfants parlent à des étrangers?
M: – J’étais juste à côt de lui. Il sait que tant qu’il est avec moi, il peut parler à qui il veut.
T: – Mais vous lui donnez de mauvaises habitudes. Mes enfants ne parlent jamais à des étrangers.
M: – Même quand ils sont avec vous?
T: – Ils ne sont jamais avec moi, sauf à la maison après l’école. Alors vous voyez pourquoi il est si important qu’ils comprennent qu’il est absolument interdit de parler à des étrangers.
M: – Oui, je vois. Mais s’ils étaient avec vous, ils pourraient avoir l’occasion de rencontrer des gens intéressants en toute sécurité. Ils auraient un aperçu du monde réel, dans des situations réelles. Ils pourraient aussi sentir réellement ce qui permet de dire qu’une situation est dangereuse ou suspecte.
T: – Ils verront ça en CE2 et CM2, en Instruction Civique.
M: – Eh bien, je vois que vous êtes une maman attentionnée. Je vous laisse mon numéro – si jamais vous voulez discuter, appelez-moi. J’ai eu plaisir à faire votre connaissance.
(auteur inconnu – traduction Brigitte Guimbal)
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